MUTY


A cause de 14-18 on m'avait appris la haine du Boche. Je l'avais cultivée étant adolescent. 40-45, l'occupation et la terreur répandues par des hommes habillés de "vert de gris" ont définitivement tué en moi toutes idées d'amitié pour les prussiens. "Chez toi ça ne passe toujours pas" me disent des amis qui, plus jeunes que moi, ne comprennent pas ma rancune. Mais il m'arrive pourtant de penser à Elle! Elle, une petite fille aux cheveux blonds tirés en tresses d'or sur le dos. Sans doute devait elle prier, pleurer, rire et chanter dans cette langue rude que parlaient les seigneurs Teutons amoureux de musiques divines et d'armes diaboliques. Pourquoi avait elle quitté sa Prusse? Simplement par amour pour un homme Wallon leur fille morte de la "phtysie" avait éteint son sourire à tout jamais. L'amour de ses deux fils et de son mari n'y avait rien pu faire. Je ne l'ai pas connue. Pourtant je la rencontre quelque fois dans le silence des liens du sang. Qui donc? Elle, ma grand mère allemande dont un peu de lumière n'a jamais quitté les yeux bleus, si bleus, de mon père.

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